...ou la fabuleuse histoire des marchands de vins du pays de Meymac.


Si vous passez par le plateau de Millevaches, vous découvrirez comment Meymac est devenu la "capitale" des grands vins de Bordeaux au XIXème siècle, un commerce qui a enrichi et façonné l'architecture du village. En témoignent encore les grandes bâtisses qui bordent ses ruelles. Que cette histoire soit une invitation à découvrir la cité.

Meymac

Tout commence en 1865-1866 lorsque le Meymacois Jean Gaye-Bordas dit « barlet » (petit tonneau) eut l'idée de vendre des vins à domicile en Belgique et dans le nord de la France. Comme tous les jeunes paysans du Limousin, il avait fait face à de nombreuses difficultés. En effet, à cette époque, les hommes migraient une partie de l'année et pratiquaient des métiers saisonniers. Jean Gaye-Bordas ne savait ni lire ni écrire mais il avait l’esprit vif. II devint tour à tour colporteur, marchand de parapluies, chiffonnier et se retrouva à Bordeaux où il vendait les lampes à pétrole du milliardaire Rockefeller. Il remarqua qu’un greffier de la région envoyait du vin à un de ses frères à Lille. Il saisit alors l’opportunité de vendre du vin de Bordeaux sous I’étiquette « Meymac-près-Bordeaux » : en même temps qu’il plaçait ses lampes en suivant les vendeurs de toile qui remontaient vers le nord, il en profitait pour vendre son vin. Le succès fut immédiat. Comment ? Il se présentait comme un vigneron écoulant lui-même sa production. Ses bons de commande étaient de simples bouts de papier sur lesquels le client inscrivait son nom. Puis il revenait en Corrèze, faisait expédier la marchandise et ce n’est que lors du voyage suivant qu’il encaissait le prix de la vente. Il proposait un vin qu’il ne possédait pas et dont il n’avait même pas un échantillon. Ce fut le début du négoce du vin de Bordeaux.

 

Jean Gaye-Bordas s'enrichit du jour au lendemain. Il acheta, entre autres, vignobles et châteaux dans le Libournais. En 1878, il acquiert le terrain contigu à l'abbaye à Meymac. Là, il fit construire cette maison à tourelles qu'il baptisa "le Château des Moines Larose", une étiquette dont il se servira longtemps pour son commerce. Cette maison, toujours visible aujourd'hui, présente une particularité : deux tourelles d'angle dans chacune desquelles on aperçoit le dieu du vin Bacchus et la vénus de Milo. 
 

Jean Gaye-Bordas et Antoine PécresseChâteau des Moines Larose

Si Jean Gaye-Bordas fut bien le précurseur de cette aventure migratoire, il fut aussi rapidement imité. De nombreux négociants-voyageurs de Haute-Corrèze se mirent eux aussi à pratiquer ce négoce lucratif. Autour de 1900, pendant une cinquantaine d'années, quelques centaines d'habitants du pays de Meymac donnaient "Meymac-près-Bordeaux" comme adresse postale à leurs clients belges. Ils achetèrent eux-mêmes des vignobles dans le bordelais et apportèrent ainsi au pays une prospérité nouvelle. Mais l’attrait de la ville ne fut pas automatique chez les négociants. 60% d’entre eux restèrent avant tout des paysans qui faisaient deux voyages par an d’un mois environ, au printemps et en automne. Si certains se contentèrent d’investir leur profit dans l’achat de terres, matériels agricoles et améliorer leur habitat, d’autres construisirent à côté de leur ferme les mêmes demeures qu’en ville. Beaucoup de ces opérations se firent en associations familiales. D’autres créèrent des maisons de négoce et devinrent tout naturellement les fournisseurs privilégiés de leurs compatriotes.

 

Quelques familles de Meymac possèdent encore aujourd'hui des vignobles dans les meilleurs crus du Bordelais. En effet, outre Jean Gaye-Bordas, les Pécresse de Combressol avaient acheté le Château-Bellevue à Pauillac en 1894, les Borie le Château-Caronne à Saint-Julien en 1900 puis le Château Ducru-Beaucaillou. Jean Moueix avait, lui, investi à Saint-Emilion et Pomerol dans de prestigieux Châteaux, Château-Taillefer, Château Lafleur-Pétrus et le fabuleux Pétrus entre beaucoup d'autres. Ces familles prestigieuses développèrent le négoce, profitant de la porte maritime qu'était Bordeaux, vers la Grande Bretagne, friande de bons Bordeaux puis par la suite vers les États-Unis. L'ouverture des voies aériennes, plus tard leur permit d'aborder d'autres continents dont le Japon.

Pour suivre les pas des marchands de vin, une application Guidigo "Aux sources de Meymac-près-Bordeaux" permet la découverte des communes du canton de Meymac les plus liées au négoce des vins et en particulier le patrimoine bâti des négociants qui s'est édifié à proximité des châteaux et églises, témoins de l'histoire des communes, mais aussi à côté des fermes et granges familiales en granite taillé. Dix sites sont référencés sur ce circuit de 2 h 30 en voiture. L’application Guidigo est téléchargeable sur smartphone ou tablette via un flash code ou sur Apple Store / Play Store. Une fois l’application chargée, rechercher Meymac et sélectionner « Aux sources de Meymac-près-Bordeaux ».

« Les Amis de Meymac-Près-Bordeaux »

C’est autour de cette histoire des “marchands de vins de Meymac-près- Bordeaux“ que l’association “les Amis de Meymac-près-Bordeaux “ s’est créée en août 2009. Monsieur Marcel Parinaud en est le président fondateur.
Un musée Meymac-près-Bordeaux est constitué :
- de l'«Espace Gaye-Bordas» situé au sein du pôle culturel de Meymac et qui retrace l’histoire du négoce ;
- du « chai des Moines Larose », un chai-musée à la fois lieu technique (vignoble) et lieu de présentation (reconstitution d’un bureau de négociant et exposition temporaire).
Des visites commentées à dates fixes sont proposées par Marcel Parinaud, président de l'association "Les Amis de Meymac près Bordeaux". Payant. Renseignements au 05 19 60 00 30.

Contact :
« Les Amis de Meymac-Près-Bordeaux »
Hôtel de Ville - BP 33 - 19250 Meymac
Tél. : 06 25 97 48 97
Courriel : meymacpresbordeaux@gmail.com
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