Retour sur l’Histoire de la grande boucle
La venue du Tour de France en Corrèze est l’occasion de se replonger dans le passé pour (re)découvrir les petites histoires qui ont fait la grande histoire du cyclisme. De l’origine de cette course mythique aux différentes épreuves corréziennes, retrouvez de savoureux moments.
Récit d’une course qui créa le Tour de France !
C’est en novembre 1902 que le Tour de France voit le jour avec Henri Desgrange, directeur du quotidien Auto-Vélo. Le magazine avait été créé en 1900 par le Comte Jules-Albert de Dion (fondateur de la marque automobile De Dion-Bouton) à la suite d’un différend politique sur l’affaire Dreyfus avec le rédacteur en chef du quotidien le Vélo, Pierre Giffard. Il faut savoir que Le Vélo tire alors à 300.000 exemplaires et domine la presse sportive. C’est donc logiquement que se lance une course acharnée entre les deux équipes (Vélo et Auto-Vélo) pour conquérir le marché de la presse sportive.
Durant quelques années, les journaux se donnent coup pour coup : alors que Le Vélo est publié sur papier vert, le quotidien Auto-Vélo décide de faire éditer son quotidien sur papier jaune pour se démarquer (anecdote qui explique l’origine de la présence du maillot jaune dans la Grande Boucle).
Nouveau rebondissement le 2 janvier 1903, puisque Auto-Vélo est condamné pour usurpation de titre, lors d'un procès déclenché par l’équipe adverse. Le quotidien est alors renommé tout simplement L'Auto. Le comte Jules-Albert de Dion et son équipe encaissent le coup dur, en se remettant dans la course avec la création d’un événement sportif unique… Craignant de perdre ses fidèles lecteurs avec le changement de titre, le comte Jules-Albert de Dion mobilise son équipe afin de trouver une idée pour riposter au plus vite. C’est alors qu’Henri Desgrange lance l’idée du Tour de France. L’objectif est ici de porter un coup fatal à la concurrence en surpassant les courses organisées par Le Vélo. Bien évidemment, la finalité est de booster les ventes de l’Auto, grâce à la possible réussite du Tour de France.
En 1903 s'élance le 1er Tour de France à Montgeron, le 1er juillet. Il relie alors les principales villes du pays : Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris, en six étapes, pour un parcours total de 2 428 km et compte près de 60 coureurs sur la ligne de départ.
La suite appartient désormais à l’histoire… Le quotidien Le Vélo cesse de paraître en 1904, poussé à l’abandon par la réussite du Tour de France. L’Auto devient le magazine l’Equipe en 1946. La 1ère parution de l’Equipe, le 28 février 1946, ne sera que le premier tirage d’une longue série, puisqu’au aujourd’hui, le magazine est leader sur le marché de la presse sportive française.
L’aventure débutée par le peloton de Desgrange en 1903, continue sa route à vive allure avec une 107e édition du Tour de France cette année. En plus d’être un succès commercial, cette course légendaire, est un événement sportif qui, au fil des années, s’est ancré dans l’ADN de la culture française.
La (grande) boucle, est bouclée.
Le Tour de France en Corrèze
Les amoureux de la petite reine le savent bien, entre le Tour et la Corrèze, c’est une longue et belle histoire. Départs, arrivées ou simples passages, les coureurs ont sillonné le département.
Nous avons fait appel à la mémoire du cyclisme corrézien, Guy Champeaux, speaker emblématique bien connu dans le monde du vélo.
“Vaste, très vaste sujet ! Plusieurs moments forts me reviennent à l’esprit. Par exemple, ABDOUJAPAROV l’ouzbek vainqueur à Tulle en 96; plus loin dans le temps Hubert MATHIS (alors lanterne rouge de la grande boucle) s’impose en solitaire devant la gare de la ville (1976). Martial GAYANT le tricolore cueille la bruyère aux Monédières en 1987 ; Jens VOIGT l’allemand triomphe lors de l’étape conduisant en 2001… à Sarran, devant le musée du Président Jacques Chirac !”
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Rajoutons à cela l’arrivée à Brive-la-Gaillarde remportée par Mark Cavendish en 2012 ou encore un Contre-la-Montre particulier entre Meyrignac-l'église et Corrèze en 1998 avec la victoire de Jan Ullrich.
D’ailleurs cette année-là, les coureurs ont passé 3 jours chez nous avec la victoire la veille de Mario Cipollini à Brive, et le lendemain le départ de Brive pour l’étape jusqu’à Montauban.
Les cyclistes se plaisent en Corrèze, c’est pour cela que plusieurs autres courses d’après Tour importantes seront au calendrier des sportifs pendant plusieurs décennies.
Le Paris Corrèze à l’initiative de Laurent Fignon, le Tour du Limousin qui se disputent encore aujourd’hui, le mythique Bol d'or des Monédières qui nous fait indéniablement penser à Jean Ségurel ou encore le critérium international de Meymac.
“Organisé alors par l’Union Cycliste Corrézienne au plus fort de l’été, c’était un grand spectacle avec des stars du Tour ou des grandes classiques. Je me souviens de l’interview du regretté Claude CRIQUELION, lauréat avec son maillot de champion de Belgique (il fût champion du monde), Johan MUSEEUW (Paris Roubaix, Tour des Flandres, etc) Stéphan ROCHE l’irlandais (Tour de France), Luc LEBLANC (champion de France, du Monde, étape et maillot jaune au Tour de France, Dauphiné)... puis le repas le soir partagé avec les coureurs.”
Le saviez-vous ?
Le Tour de France en Corrèze c'est :
- 10 arrivées (5 à Brive, 2 à Tulle, 1 à Chaumeil Les Monédières, 1 à Sarran et 1 à Corrèze - CLM individuel)
- 9 départs (8 à Brive et 1 à Tulle)
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Et nous ne pouvons pas parler cyclisme sans évoquer le (presque) régional de l'étape, Raymond Poulidor. Poupou, hautviennois toujours leader, "maillot jaune" dans le cœur des foules lors de sa présence tant dans le peloton, que dans l'équipe d'organisation de la grande boucle.
Merci aux Archives Départementales de la Corrèze pour les photos illustrant cet article.
LE VELO EN CORREZE