...ou la fabuleuse histoire des marchands de vins du pays de Meymac.
Si vous passez par le plateau de Millevaches, vous découvrirez comment Meymac est devenu la "capitale" des grands vins de Bordeaux au XIXème siècle, un commerce qui a enrichi et façonné l'architecture du village. En témoignent encore les grandes bâtisses qui bordent ses ruelles. Que cette histoire soit une invitation à découvrir la cité.
Tout commence en 1865-1866 lorsque le Meymacois Jean Gaye-Bordas dit « barlet » (petit tonneau) eut l'idée de vendre des vins à domicile en Belgique et dans le nord de la France. Comme tous les jeunes paysans du Limousin, il avait fait face à de nombreuses difficultés. En effet, à cette époque, les hommes migraient une partie de l'année et pratiquaient des métiers saisonniers. Jean Gaye-Bordas ne savait ni lire ni écrire, mais il avait l’esprit vif. En 1860, il devint colporteur et marchand de parapluies ambulant à Bordeaux. La légende dit qu’il remarqua alors qu’un greffier de la région envoyait du vin à un de ses frères à Lille. Cela lui aurait donné l’idée de vendre du vin de Bordeaux en Belgique et dans le nord de la France en appliquant sa technique de colporteur, le démarchage à domicile, à la vente du vin.
Le succès fut immédiat. Comment ? Il se présentait comme un vigneron écoulant lui-même sa production. Ses bons de commande étaient de simples bouts de papier sur lesquels le client inscrivait son nom. Il faisait expédier la marchandise et ce n’est que lors du voyage suivant qu’il encaissait le prix de la vente. Une autre légende dit qu’il faisait passer le tambour dans les villages pour annoncer sa présence sur le marché.
Ce fut le début du négoce du vin de Bordeaux et Jean Gaye-Bordas s'enrichit du jour au lendemain. En 1871, il retourna à Davignac, sa commune natal où il fit construire une maison sur la place du village face à l’église. En 1878, il acquit le terrain contigu à l'abbaye à Meymac. Là, il fit construire cette maison à tourelles qu'il baptisa "le Château des Moines Larose", une étiquette dont il se servira longtemps pour son commerce. Cette maison, toujours visible aujourd'hui, présente une particularité : deux tourelles d'angle dans chacune desquelles on aperçoit deux statues venant de Saint-Omer dit-on.
Si Jean Gaye-Bordas fut bien le précurseur de cette aventure migratoire, il fut aussi rapidement imité. De nombreux négociants-voyageurs de Haute-Corrèze se mirent eux aussi à pratiquer ce négoce lucratif. Autour de 1900, pendant une cinquantaine d'années, quelques centaines d'habitants du pays de Meymac donnaient "Meymac-près-Bordeaux" comme adresse postale à leurs clients belges. Certains achetèrent eux-mêmes des vignobles dans le bordelais et apportèrent ainsi au pays une prospérité nouvelle. Mais l’attrait de la ville ne fut pas automatique chez les négociants. 60% d’entre eux restèrent avant tout des paysans qui faisaient deux voyages par an d’un mois environ, au printemps et en automne. Si certains se contentèrent d’investir leur profit dans l’achat de terres, matériels agricoles et améliorer leur habitat, d’autres construisirent à côté de leur ferme les mêmes demeures qu’en ville. Beaucoup de ces opérations se firent en associations familiales. D’autres créèrent des maisons de négoce et devinrent tout naturellement les fournisseurs privilégiés de leurs compatriotes.
Quelques familles originaires de la Corrèze possèdent toujours aujourd'hui des vignobles dans les meilleurs crus du Bordelais. En effet, outre Jean Gaye-Bordas, les Pécresse de Combressol avaient acheté le Château-Bellevue à Pauillac en 1894, les Borie le Château-Caronne à Saint-Julien en 1900 puis le Château Ducru-Beaucaillou. Jean-Pierre Moueix avait, lui, investi à Saint-Emilion et Pomerol dans de prestigieux Châteaux, Château-Taillefer, Château Lafleur-Pétrus et le fabuleux Pétrus entre beaucoup d'autres. Ces familles prestigieuses développèrent le négoce, profitant de la porte maritime qu'était Bordeaux, vers la Grande Bretagne, friande de bons Bordeaux puis par la suite vers les États-Unis. L'ouverture des voies aériennes, plus tard leur permit d'aborder d'autres continents dont le Japon.
Pour suivre les pas des marchands de vin, une application Guidigo "Aux sources de Meymac-près-Bordeaux" permet la découverte des communes du canton de Meymac les plus liées au négoce des vins et en particulier le patrimoine bâti des négociants qui s'est édifié à proximité des châteaux et églises, témoins de l'histoire des communes, mais aussi à côté des fermes et granges familiales en granite taillé. Dix sites sont référencés sur ce circuit de 2 h 30 en voiture. L’application Guidigo est téléchargeable sur smartphone ou tablette via un flash code ou sur Apple Store / Play Store. Une fois l’application chargée, rechercher Meymac et sélectionner « Aux sources de Meymac-près-Bordeaux ».
« Les Amis de Meymac-Près-Bordeaux »
C’est autour de cette histoire des “marchands de vins de Meymac-près- Bordeaux“ que l’association “les Amis de Meymac-près-Bordeaux “ s’est créée en août 2009. Monsieur Marcel Parinaud, historien de cette histoire, en est le président fondateur.
Un musée Meymac-près-Bordeaux est constitué :
- de l'exposition "Meymac-près-Bordeaux" située au sein du pôle culturel de Meymac et qui retrace l’histoire du négoce ;
- du « chai des Moines Larose », un chai-musée à la fois lieu technique (vignoble) et lieu de présentation (reconstitution d’un bureau de négociant et exposition temporaire).
Des visites commentées à dates fixes de l'exposition "Meymac-près-Bordeaux" sont proposées par Marcel Parinaud, président de l'association "Les Amis de Meymac près Bordeaux" et par Pierre Ouzoulias pour le « chai des Moines Larose ». Payant. Renseignements au 05 19 60 00 30.
Contact :
« Les Amis de Meymac-Près-Bordeaux »
Hôtel de Ville - BP 33 - 19250 Meymac
Tél. : 06 25 97 48 97
Courriel : meymacpresbordeaux@gmail.com
www.facebook.com/MeymacPresBordeaux/